Samedi 23 novembre, 16h30-18h, Hall Marie Curie
Table ronde : L’étranger dans l’État-nation
La création, en 1924, de la fanfare royale par le ras Täfäri (le futur empereur Haylé Sellassié), formée de quarante enfants arméniens orphelins rescapés du génocide de 1915, est emblématique de la relation particulière que les immigrants arméniens ont nouée avec les souverains éthiopiens entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Le chef d’orchestre de cette fanfare, Kévork Nalbandian, composa à la demande du négus le premier hymne national de l’Éthiopie. Son neveu, Nersès Nalbandian, fut considéré par la suite comme l’un des plus grands musiciens éthiopiens de la seconde moitié du XXe siècle.
Ces exemples disent toute la complexité des représentations et de la situation des Arméniens en Éthiopie (qui n’étaient pas considérés comme des étrangers au XXe siècle). Ils nous interrogent aussi, plus généralement, sur le rôle de l’étranger et de l’immigration dans l’histoire de nos États-nations : Prendre au sérieux la diversité des origines de la population actuelle d’un pays comme la France, c’est adopter un autre point de vue sur son passé, c’est écrire autrement son histoire, en tentant d’analyser à nouveaux frais les impenses de la politique républicaine : quelle place faire à la question des « origines », au « sentiment d’appartenance » ? Quel rôle jouent le déracinement et les déracinés dans la constitution d’une société ? Quelles relations instaurer entre l’État et les individus ?
avec
Gérard Noiriel : Réfugiés et sans papiers. La République face au droit d’asile XIXe-XXe s., Hachette, coll. Pluriel, 2012
Boris Adjemian : La Fanfare du Négus. Les Arméniens en
Éthiopie, XIXe-XXe s., éd. EHESS, 2013
Yann Scioldo-Zurcher : Devenir métropolitain.
Politique d’intégration et parcours de rapatriés d’Algérie en métropole
1954-2005, éd. EHESS, 2010